jeudi 31 mars 2011

Quelques pistes de réflexion

Ailleurs aussi, le temps est à la restructuration. Les bibliothèques de l'Unige ne sont de loin pas les seuls lieux d'expérimentation de la nouvelle gestion des services publics, comme le démontre la chronique de Julie Clarini diffusée hier sur France Culture, intitulée La poste et le BRASMA.

Le néo-management appliqué à l'Université de Genève va sans doute entraîner la disparition d'une bonne partie de nos collections en libre-accès. Pourtant, le livre est plus que jamais plébiscité, comme le démontre avec humour cet article paru dans le New York Times et cette vidéo.

Harry Campbell

mardi 29 mars 2011

Décodage de la dernière mise au concours : BDA 80%

En gras, le message paru sur Swiss-lib le 22 mars 2011. En italique, notre interprétation.


La Division de l'information scientifique de l'Université de Genève cherche pour son site d'Uni Mail un-e bibliothécaire à 80%. Assurez-vous en car dans le cahier des charges, le site n’est pas spécifié…. 

Votre sens du contact avec les usagers est marquéet vous poussera à courir après ledit usager, qu’il ait besoin de vous ou non, ainsi vous découvrirez les délices du front-office debout (aussi appelé « accueil mobile »)
vous disposez d'une bonne capacité d'écoute et d'aptitudes à la communication en réalité, il s’agit surtout d’écouter les directives comminatoires alors que vos aptitudes à la communication seront utiles pour décoder ce qui se cache derrière les slogans de la DIS (pour cela, aidez-vous du Dictionnaire de la restructuration).
vous avez de l'aisance à vous exprimer oralement et par écritafin de peser soigneusement chacun de vos mots sous peine d’être taxé de rétif au changement.
vous avez des capacités tant d'analyse que de synthèse votre hiérarchie en étant dépourvue, vous ne pourrez donc compter que sur vos propres capacités !
Au sein d'une équipe, vous manifestez votre esprit d'entraide et de collaborationINDISPENSABLE, car la bibliothèque Unimail ne fonctionne que grâce à cela (les ¾ du personnel n’ayant jamais reçu de réponse à leur postulation, aucune transition n’étant organisée, la solidarité semble la seule bouée pour éviter une noyade collective).
Vous savez faire preuve de rigueur dans votre travail et vous disposez d'une très bonne maîtrise technique générale (maîtrise des outils informatiques courants en bibliothèque, connaissance de Virtua un plus)attention, trop de rigueur risque néanmoins de révéler certaines incohérences du système, pente dangereuse qui va faire de vous un contestataire.

Sous la responsabilité de la direction de la Bibliothèque Uni Mail et du (de la) coordinateur (coordinatrice) des services transversaux il s’agit d’un piège visant à vérifier que vous ayez bien pris connaissance du référentiel ; en effet,  il n’y a qu’une seule et unique direction et elle n’est pas à la tête des sites… il faut lire : « sous la responsabilité du responsable de site » et surtout, surtout, éviter de se demander de quoi ce dernier est responsable…
vous avez pour mission d'assurer les activités de "front office" (accueil, référence) et de "back office" (accueil, référence, gestion des collections)…. n’oubliez pas d’ouvrir le cahier des charges qui accompagne l’annonce et découvrez qu’une partie de cet accueil se fait debout (bas de contention non fournis)

Votre champ d'actions consiste à :
- Accueillir, orienter et renseigner les usagers sur le fonctionnement de la bibliothèque et sur les services proposésalors même que « l’ intérêt envers le service aux usagers » n’est pas l’objet d’une compétence requise à la page 4 de votre cahier des charges.
- Assurer la gestion des espaces publicslà encore, n’hésitez pas à ouvrir le cahier des charges pour découvrir la suite, à savoir « en assistant à l'usage des bornes de prêt et en traitant les demandes courantes ».
- Assurer les activités de prêtil faut bien dire que ces bornes, ce n’est pas encore la panacée.
- Assurer la promotion des contenus, des outils et des méthodes de recherche, ainsi que l'assistance à la recherche, à la rédaction et à la publicationmultipack : pas de doute, vous y trouverez bien votre bonheur.
- Assurer un accompagnement à l'enseignement et à la recherche dans l'exploitation des ressources documentaires à dispositionc’est-à-dire maîtriser le formulaire de commande à distance du DBU, étant donné que 2/3 de nos collections devraient bientôt s’y trouver.
- Contribuer à la production de contenus documentaires destinés aux usagers…. le niveau de créativité exigé dans votre cahier des charges est si bas, que ce ne sera ni bien difficile,  ni bien intéressant…
- Contribuer au développement des collections, en effectuant le traitement des documents (gestion des commandes, description et équipement)tout cela sur un mode DYNAMIQUE !

Nous demandons :
Un diplôme HES de spécialiste en information documentaire ou une formation jugée équivalente dans le domaine de l'information et de la documentation…. à ne pas confondre avec les exigences pour être coach à la DIS.

Délai d'inscription : 4 avril 2011pour un poste à repourvoir dès le 1er avril.

L'Université de Genève offre des conditions d'engagement motivantesn’hésitez pas à nous contacter à l’adresse bibliothecairesge@gmail.com pour connaître la motivation du personnel de l’Unige.
dans un cadre de travail ouvert et stimulant par ouvert, il faut comprendre « troué » (penser à un morceau d’Emmental vous aidera) alors que stimulant signifie que la pression sera telle que vous serez exténué en fin de journée.
En nous rejoignant, vous aurez l'occasion de mettre en valeur vos compétences …. jusqu’au moment où la musique du jeu des chaises retentira et que vous serez déplacé sans préavis sur un autre site (voir page 6 du cahier des charges)
ainsi que votre personnalitéce qui est un véritable challenge alors que vous occuperez un poste par définition interchangeable, avec aucune compétence spécifique requise (voir page 4 du cahier des charges
et de contribuer activement au rayonnement d'une Institution fondée en 1559….mais dont la restructuration calamiteuse des bibliothèques fait d’elle la risée en Suisse et même au-delà.
Annonces sur le site de l'Unige. Notez encore que votre "poste se décompose en plusieurs activités". Alors dépêchez-vous de postuler avant qu'il n'en reste plus aucune trace!



lundi 28 mars 2011

"On a réuni tout le monde pour s’assurer qu’on ne loupera aucun virage dans notre stratégie pour l’avenir"

Alors qu’à l’Université de Genève nous sommes confrontés à l’autisme récurrent et au mépris de notre hiérarchie, la Ville, quant à elle, respecte l’expertise de son personnel en le consultant et se donne ainsi les moyens de ses ambitions stratégiques, ainsi que le relate la Tribune de Genève du 17 mars 2011.

Si nous souhaitons être entendus c’est parce que nous sommes tous les jours sur le terrain et que nous assistons, impuissants à un violent choc entre une hyper-conceptualisation managériale et notre réalité professionnelle quotidienne. Chaque jour cette situation s’aggrave du fait que notre direction rejette sur nous la responsabilité de l’impossibilité du déploiement de ce modèle intellectuel sans même prendre en compte la moindre petite suggestion qui impliquerait une adaptation, même mineure. Bref, à nous de trouver des solutions à des problèmes créés en amont et qui, surtout, n’existaient pas il y a une année. 

Qu’on ne vienne plus nous dire que nous ne pouvons pas travailler ensemble parce que nous sommes trop nombreux. On veut s’inspirer, nous dit-on, des bonnes pratiques existantes, en voici une, servie sur un plateau, à notre direction.

vendredi 25 mars 2011

Assemblée générale du personnel des bibliothèques

La conférence de presse donnée hier par les délégués a rencontré un large écho. Le Courrier, La Tribune de Genève, Yes FM (à env. 01:30 minutes) et Léman bleu (à 09:09 minutes) nous ont permis de relayer notre message.

Nous vous attendons nombreux à l'Assemblée générale, jeudi 31 mars, afin de vous informer des différents événements survenus la semaine dernière et de déterminer avec vous la suite des actions à entreprendre.

CONVOCATION à une ASSEMBLEE GENERALE
Personnel de la bibliothèque UNIGE


le jeudi 31 mars à 12h15 à la salle MR 380 à UNIMAIL

Ordre du jour:

1.   Conseils participatifs de Droit et de SES
2.   Rapport de la Commission des pétitions du Grand Conseil (P 1766-A)
3.   Séance de  l’Assemblée de l’Université du 16 mars 2011
4.   Actions et stratégie
5.   Divers
 
A noter qu'il n’est pas nécessaire d’être syndiqué pour assister à la séance.
 

jeudi 24 mars 2011

Référentiel UNIGE / Euroréférentiel : un plagiaire sachant plagier sans plagiat est un bon plagiaire

Soumis à un "devoir de réserve" un chercheur de notre université, spécialiste du plagiat, n'a pas pu répondre aux questions suivantes :
Existe-t-il un mot pour le symétrique inverse du plagiat, lorsqu'un texte se réclame d'un autre texte et que ce n'est pas le cas ? S'agit-il d'une forme de tromperie courante ? Cette tromperie est-elle sanctionnable ?

Ces questions se posent à propos du référentiel des activités bibliothéconomiques qui, suite à une intervention auprès du rectorat signalant de coupables copier/coller, mentionne désormais sur la page de titre "a été élaboré à partir de : Euroréférentiel I & D / European Council of Information Associations, ECIA. – Paris : ADBS, 2004".

Il se trouve que ce n'est pas du tout le cas, ni sur le fond, ni sur la forme, le référentiel UNIGE ne faisant qu'emprunter sans les citer une dizaine de phrases de cet Euroréférentiel.

Cette pirouette malhonnête est inacceptable, et ce d'autant plus que le référentiel UNIGE met en avant à plusieurs reprises la promotion d'une éthique dans l'utilisation de l'information et des sources, par exemple :
"Assurer un soutien aux titulaires des activités de référence pour sensibiliser les usagers aux concepts de plagiat, de droit de l’information et de validation des sources (matériau pédagogique)." (fiche 19, mission 2)

Quelle peut être la légitimité d'un document qui ne respecte pas lui-même ce qu'il met en avant ?
Peut-on accepter qu'un tel document serve de base à la réécriture des 200 cahiers des charges du personnel des bibliothèques de l'Unige ?

mercredi 23 mars 2011

Et après?

N.B.: Ce message nous est parvenu dimanche 20 mars, soit après l'Assemblée de l'Université et la séance du Grand Conseil.


C'est la joie dans les chaumières… Savourer les petites victoires qui mènent au but dans l'allégresse, quoi de plus normal, après tout…

Bien. Cependant, une question me vient, sans faire de bruit, se fait insistante : et après ?

Est-ce que les choses peuvent être "comme avant" ? Oui, c'est vrai, les multiples essais de réorganisation, de la désormais fameuse étude van Dijk en passant par les DirBib et autres Cosec n'ont pas été de grands succès et n'ont pas vraiment laissé de traces. Chacun a poursuivi son quotidien, cherché à améliorer les choses à son échelle et à sa façon et tout n'allait pas plus mal avant qu'après, finalement.
Comme il serait agréable que nous puissions retrouver notre petit nid, plus ou moins douillet quand on a pu le façonner peu à peu, au fil des ans, pendant de longues, longues années parfois.

Mais nous sommes allés déjà très loin et les avancées de ce projet ne sont plus toutes réversibles. Nous appartenons désormais tous à une seule et même division, nous avons fait parler de nous ; y a-t-il encore des membres du corps enseignant qui n'auraient pas un avis sur les bibliothèques et leur personnel ? Bien malgré nous, les intérêts de notre cause ont été utilisés à des fins qui n'ont rien à voir avec notre métier ; certains s'en sont servis pour régler de vieilles querelles, d'autres pour se hisser là où ils le voulaient, d'aucuns pour glaner quelques sous.

Tôt ou tard, nous devrons bien nous prendre en main et faire face à nos responsabilités (oh, pardon,  un mot grossier). Comment trouver des objectifs communs et les mener à bien ? Comment travailler ensemble alors que sont mis à l'écart celles et ceux qui n'adhèrent pas à la lutte syndicale ?

Quand la peur cessera-t-elle de guider nos actions ? Comment pourrait-on nous réconforter suffisamment pour que nous cédions quelques pouces à la nouveauté, à l'inconnu ?

Quelle crédibilité aurons-nous ? Serons-nous perçus telle une armée de professionnels de l'information et de la documentation motivés et déterminés, courageux et unis qui se sont révoltés contre une hiérarchie supposée opprimante et absolutiste ? Ou tel un agglomérat de fonctionnaires qu'il ne faut surtout pas bousculer, apeurés par la nouveauté, incapables de se soumettre à une quelconque hiérarchie ?

C'est la joie dans les chaumières…  que le vin coule à flot mais gare à la gueule de bois…

mardi 22 mars 2011

Le projet surréaliste de la Division de l'information scientifique






Précisons qu’il n’a pas été encore donné de nom à cette bibliothèque.  La vice-rectrice a déjà proposé l’acronyme BUG (Bibliothèque de l’Université de Genève) ; quant à la directrice de l'information scientifique, elle s’est fendue d’un CRI (Centre de ressources informationnelles). Si ce dernier acronyme était retenu, un logo s’imposerait d’emblée :


Edvard Munch - Le cri




lundi 21 mars 2011

Le rectorat et ses choix managériaux

Il n'est sans doute pas trop tendancieux d'affirmer, à la lecture du référentiel des activités bibliothéconomiques, que l'orientation de cet outil de gestion est largement influencée par des techniques et des pratiques managériales issues des entreprises privées, dont les impératifs et la survie dépendent essentiellement de la vente de produits ou de prestations. Pour preuve, le vocabulaire choisi, qui a pour avantage de ne pas dissimuler ces orientations : "Front Office, accueil debout", "Front Office, accueil assis", Back Office.....". Ce sentiment a non seulement été partagé par une majorité de collègues (même non bibliothécaires) à l'intérieur de notre institution mais également à l'extérieur (syndicats, députés du Grand Conseil, presse, etc.). Sur le terrain, à savoir lors de séances de travail animées par le coach de Team2act, nous avons pu constater le glissement sémantique qui est tout à fait révélateur des orientations mentionnées: "stocks" (en lieu et place de "fonds") ou "clients" (en lieu et place d'"usagers"). Il serait trop long d'entrer dans un long développement concernant l'historique du référentiel et les méthodes utilisées par ledit coach pour nous formater à ce nouveau paradigme. Disons pour résumer et en tout objectivité, que l'ensemble du processus a provoqué un large mouvement de rejet et d'hostilité.

Le référentiel peut être perçu comme un superbe outil hi-tech de gestion managériale : tâches clairement détaillées, identifiées, quantifiées, hiérarchisées, synthétisées, permettant une grande mobilité du personnel et facilement pilotable par les RHs. A contrario, il peut-être perçu comme un outil dangereux:  travail à la chaîne pour les gestionnaires de collections, formalisation et quantification à outrance, perte d'identité des tâches bibliothéconomiques par scission, spécialisation caricaturale, middle management (coordinateurs) qui font converger les dysfonctionnements sur la responsabilité d'une poignée de collaborateurs corvéables à merci. Malheureusement pour le référentiel mais heureusement pour nous sans doute, l'adhésion s'est plutôt articulée autour des aspects potentiellement dangereux de cet outil, plutôt qu'autour de ses qualités : le "non" semble l'emporter par une majorité écrasante. Il serait d'ailleurs intéressant de lancer une enquête à ce propos.

A partir de ces considérations que la majorité de mes collègues (entre autres) partagent, nous nous posons la question suivante:

-le rectorat, dans l'optique d'une privatisation de la gestion de son personnel - sachant que nous serons peut-être à moyen ou long terme détachés du DIP - a -t-il choisi sciemment de recourir à de telles méthodes de gestion dites "libérales" ? Le rectorat veut-il avoir les mains libres pour gérer son personnel (mobilité, suppression de postes ou parties de postes à moyen et long terme) comme n'importe quelle entreprise privée de notre époque ? Si oui, veut-il clairement mettre un terme à la culture d'entreprise qui a toujours prévalu à l'Université, à savoir celle de la fonction publique ?

Ou alors:

-s'agit-il d'une erreur de choix managériaux ? D'une erreur de jeunesse de la DIS et d'une utilisation inappropriée de ses réseaux ? Si tel est le cas, ne serait-il pas urgent d'écarter le référentiel et de changer de modèle de coaching ? C'est,ce qu'attend la majorité des bibliothécaires (entre autres).

Ou encore:

-le rectorat serait-il  victime de la mode ?  Finalement, toutes les grandes institutions ont leur brochette de coachs et de consultants divers qui nous promettent des merveilles... à coups de restructurations flamboyantes...

Bien qu'en faveur de la restructuration et de la centralisation de nos bibliothèques et ayant accueilli avec enthousiasme la création de la DIS, nous constatons après quelques années que les outils que l'on nous propose (ou plutôt que l'on nous a imposé sans concertation) ne répondent pas aux impératifs d'une centralisation saine. Ces outils nous brûlent les doigts et mettent en danger nos bibliothèques.

vendredi 18 mars 2011

Le Grand Conseil apporte son soutien aux bibliothécaires

Hier soir, par une écrasante majorité, le Grand Conseil a décidé de transmettre notre pétition au Conseil d'Etat, accédant ainsi à la demande formulée par la Commission des pétitions: faire avancer les choses : poursuivre sur la voie initiée par le rectorat, mais avec transparence et concertation afin de redonner confiance à un personnel passablement déstabilisé.

Après le Conseil participatif de SES, celui de la Faculté de Droit et l'Assemblée de l'Université, le Grand Conseil est le quatrième organe à émettre de sérieuses réserves quant à la politique menée par le rectorat. Combien de leviers devrons-nous encore actionner avant d'être entendus par notre hiérarchie?

jeudi 17 mars 2011

Recommandation de l'Assemblée de l'Université

Hier soir 16 mars, l'Assemblée de l'Université s'est réunie à Uni-Dufour. Parmi les points à l'ordre du jour figurait la recommandation formulée au rectorat par la Commission "Bibliothèques". Par 17 oui, 8 non, 4 abstentions et 1 bulletin nul, l'Assemblée de l'Université recommande au rectorat l'abandon de la réorganisation structurelle des bibliothèques telle qu'actuellement envisagée et l'élaboration d'un nouveau projet.
Le texte complet de la recommandation figure sur la page de l'Assemblée.
Par ailleurs, le Grand Conseil traitera ce soir dès 20h30 le rapport de la Commission des pétitions. Nous vous donnons rendez-vous à tous à 20h devant les canons, afin de montrer une fois encore la détermination dont nous faisons preuve.

mercredi 16 mars 2011

Des nouvelles de la pétition

Le 7 décembre 2010, la pétition de soutien aux bibliothécaires était lancée. Forte de près de 1600 signatures, elle a été déposée auprès du Grand Conseil.

Les délégués du personnel ont été reçus à deux reprises début 2011, d'abord par la Commission de l'enseignement supérieur, puis par la Commission des pétitions. Cette dernière vient de rendre son rapport, que vous trouverez ici et le Courrier en a fait état dans son édition du vendredi 11 mars.

Merci à tous ceux qui l'ont signée et continuez à alimenter le blog, nous attendons vos textes, même de manière anonyme.

mardi 15 mars 2011

Dictionnaire de la restructuration

·         accompagnement au changement : thérapie de groupe, aussi appelé psychotage

·         audit : prétexte à une restructuration

·         bibliothécaire-documentaliste-archiviste-responsable, coordinateur des services transversaux/spécialisés : figure de style permettant d’éviter de payer un collaborateur dans la classe de salaire qui lui revient

·         cahier des charges : chèque en blanc qui, lorsqu’il est signé, s’apparente au saut de la  foi de Kierkegaard

·         compétence : aptitude professionnelle dont les bibliothécaires doivent « faire le deuil »

·         communication : promesse d’information non tenue (ex : « Dès fin janvier, des séances plus régulières seront instaurées et un site de questions-réponses sera mis en ligne. Si des précisions sont nécessaires sur les cahiers de charges, nous les apporterons. », Le Courrier 05.01.2011.

·         consultant : véritable deus-ex œuvrant à la déstructuration des bibliothèques

·         faculté : entité structurelle qui aurait encore, semble-t-il, des deniers pour les  bibliothèques dont le rectorat pourrait se saisir

·         force de proposition : synonyme de corps académique

·         forces de travail : synonyme de bibliothécaires (traduit l’expression « le travail, c’est vous qui allez le faire »)

·         formation interne : coûteuse réunion de collaborateurs qui se voient contraints d’écouter une personne qui ne connaît pas leur métier, leur en parler pendant plusieurs heures

·         gestion de projet : locution nominale rendant compte de l’expression « on avance en marchant » ou encore « Ce projet se construit en se faisant », Le Courrier 05.01.2011.

·         gestion des conflits : action consistant à reconnaître que l’on ne communique pas, sans communiquer pour autant (ex : « «Nous aurions peut-être dû davantage communiquer sur certains points… », Le Courrier 05.01.2011.

·         infantilisation : ensemble de procédés qui consiste à discréditer le personnel des bibliothèques de l’Unige (ex : «En bonne partie, les réticences exprimées témoignent d'une résistance au changement.», Le Courrier 05.01.2011.

·         instance de site : prise en otage des académiques et administrateurs visant à faire valider des décisions qu’on imposera le cas échéant

·         macro-classification : « colonne vertébrale » de la restructuration, subissant une scoliose sous l’effet d’une granularité discutable

·         monographie : unité de base servant à déterminer le temps de travail d’un bibliothécaire-documentaliste-archiviste-spécialiste discipline

·         référentiel : ouvrage de référence dont l’un des objectifs est d’en décourager la lecture

·         usager : synonyme de client


Notes :
L’idée de ce dictionnaire est entièrement redevable au
Dictionnaire [du diable] des bibliothèques.
Nous attendons toujours la version officielle du Petit Quellec illustré...

jeudi 10 mars 2011

Restructurer les bibliothèques ou geler les activités existantes?

Un assistant qui finit d’écrire sa thèse est venu me demander des renseignements sur
la marche à suivre concernant sa déposition sur l'Archive ouverte (AO). Il avait déjà lu les directives sur la page web en question sans trouver réponse. Je lui ai suggéré d’envoyer sa demande à l’adresse mail qui figure sur la dite page. On n’a pas pu lui répondre.

Je lui ai suggéré par la suite de s’adresser aux bibliothécaires responsables de l'AO (du moins dans le bon vieux temps) de sa faculté. On n’a pas pu lui répondre.

Trouvez-vous normal que la restructuration gèle tous les autres projets qui étaient en cours?

J’ai cru comprendre qu’il fallait augmenter la valeur des services à nos usagers. Est-ce de cette façon qu’il faut s’y prendre ?

mardi 8 mars 2011

La gestion des demandes vue par M. Quellec

Alors que les informations écrites nous sont transmises au compte-goutte, autant de la part du rectorat que de notre direction, on trouve sur le site de team2act (lien direct : http://team2act.com/missions/UNIVERSITE.png Page consultée le 8 mars 2011) un schéma sur la "gestion des demandes" élaboré par M. Quellec pour l'Unige ! (preuve en est que le nom de l'image est universite.png). Que dire de cette image, si ce n'est qu'elle mérite un peu de publicité auprès des bibliothécaires de l'Université et qu'il serait souhaitable que les différents protagonistes y figurant se décident à réagir.
Qui viendra nous présenter ce qui se construit dans le plus grand secret.... et quand? Nous nous montrons une fois de plus stupéfaits devant l'arrogance de M. Quellec qui publie cela sur le web alors que nous ne sommes informés de rien... nous avons dû attendre le 20 octobre 2010 pour obtenir le support "Réorganisation structurelle des bibliothèques: modèle de référence" présenté en mai 2010. A quand la présentation du modèle de gestion des demandes?

lundi 7 mars 2011

Une médiathèque en sciences humaines

Bien sûr qu’une médiathèque est à sa place à l’Université, particulièrement auprès de facultés de sciences humaines. Non pas dans leur bibliothèque, mais à côté, à part, pour marquer ses propres richesses en comparaison des collections d’ouvrages écrits.  Au nombre de ses richesses figurent en première place les œuvres de fiction.  J’aimerais ici développer deux arguments en faveur de ma conviction.  En tant qu’ancienne professeure de science politique, à la retraite depuis une année, je souhaiterais faire valoir une expérience de plusieurs décennies d’enseignement et de recherche au sein de l’Alma Mater.
 
 
Le premier argument pour le maintien d’un espace séparé, réservé à la présentation, à la consultation et au prêt de films tient au caractère visuel (comment le dire autrement ?) de ces documents.  Malgré son étroitesse actuelle, le couloir de 84 m2 d’Uni-Mail est déjà un appel à l’imagination de quiconque découvre les présentoirs.  La première fois que je m’y suis promenée, je me souviens de la fierté ressentie à l’idée que mon université était à ce point moderne.  Je voyais, dans cet espace, une manière de dignifier l’image comme témoignage culturel, de restaurer l’équilibre entre le poids excessif de l’écrit dans le cadre du travail académique, et les représentations visuelles d’aventures humaines.  Les œuvres de fiction ont, par tradition, un statut moins sérieux que les traités et les théories.  C’est un biais, largement nourri par des siècles d’habitude, en voie de lent, très lent dépassement.  La prestigieuse université Columbia de New York, par exemple, dispose depuis peu d’une chaire en Médecine Narrative, destinée à parfaire la pratique médicale.  C’est dire si l’on commence à reconnaître le besoin d’élargir les méthodes académiques, de questionner les frontières entre l’objectivité des chercheurs et la subjectivité des êtres humains.  Les films contribuent puissamment à cet élargissement, et les images qui sautent aux yeux d’un flâneur dans les couloirs de la médiathèque suscitent une forte envie de dépoussiérer des idées exclusivement nourries par des livres.  Je crains que, si les films ne sont pas mis en valeur comme ils le sont pour l’heure, s’ils devaient être classés avec les ouvrages sur les rayons d’une bibliothèque, leur richesse propre ne disparaisse à nouveau derrière l’apparente rigueur des textes écrits.
 
 
Le deuxième argument en faveur de la médiathèque me tient encore plus à cœur.  Je n’ai pas tenu de comptabilité précise des œuvres que j’y ai commandées au cours de ma carrière.  Une dizaine ?  Une douzaine ?  Pas un seul documentaire, je crois.  Uniquement des fictions.  J’en ai projeté certaines en cours ou en séminaire, j’en ai commenté d’autres dans le cadre d’enseignements précis en recommandant vivement aux étudiants de les voir.  Aujourd’hui, avec le recul du temps, je regrette de ne pas avoir recouru davantage à ce moyen pédagogique d’une grande efficacité.  Outre qu’il est facile de convaincre les étudiants de regarder un film, une bonne fiction est parfois supérieure aux sciences humaines dans l’exposé et l’analyse d’une situation humaine.  Des exemples ?
 
 
La Bataille d’Iwo Jiwo de Clint Eastwood.  Il s’agit de deux films, en fait, et non d’un seul : la même guerre présentée du point de vue des deux protagonistes.  Je ne connais aucune théorie politique, aucun traité sur la guerre, capable de rendre la réalité de l’affrontement de cette manière.  Pourtant modeste en termes de prétention à l’objectivité, le narrateur-cinéaste, par la liberté qu’il s’octroie de mettre en images les subjectivités des différents acteurs, donne une vision plus vraie, plus complète et plus complexe du processus.  Le spectateur en ressort mieux informé et peut-être plus sage.   Evidemment, cette œuvre semble s’adresser à un public averti.  Mais on peut aussi tenir ce raisonnement pour un film qui a connu le succès en salle, et donc pourrait être considéré comme purement ludique.
 
 
Par exemple Match point de Woody Allen.  Je me souviens d’avoir commenté ce film en première année, devant plusieurs centaines d’étudiants.  Il me permettait d’illustrer des notions abstraites importantes, par le biais d’une histoire mettant en scène des personnages auxquels il était possible de s’identifier.  A en juger par les réactions des étudiants, je n’ai pas eu à regretter d’avoir inséré ce film dans le cours.  Et je me demande aujourd’hui sous quelle discipline il faudrait le classer si on le faisait migrer vers une bibliothèque.  Sous « science politique » , parce qu’il a été commandé par un professeur de cette discipline et qu’il illustre bien des rapports de classe et des rapports de genre ?  Sous « sociologie », parce qu’il illustre la contrainte faits sociaux ?  Sous « psychologie », parce qu’il illustre des individus incarnés, aux prises avec la contrainte des faits sociaux ?  Sous « philosophie », parce qu’il interroge tout le monde sur le mystère du rapport entre hasard et nécessité ?  Faudrait-il le commander en multiples exemplaires pour satisfaire  tous les rayons de livres de ces différentes disciplines ?
 
 
Voilà pourquoi, en gros, mon vœu est que la médiathèque d’Uni-Mail ne soit pas appauvrie, d’aucune manière.  Ma conviction profonde est que la fiction est indispensable au réalisme.

Christine Mironesco
Ancienne Professeure de Science politique
Université de Genève

jeudi 3 mars 2011

Embarqués sur le Titanic...

Le processus de gouvernance mis en place à travers la réorganisation des bibliothèques de l’Université de Genève multiplie les incohérences.

Tirant la leçon d’un audit partiel (sans les revues qui utilisent pourtant une part importante du budget) et partial (auditeurs internes payés par l’Alma Mater), la réorganisation intègre trois volets de coordination :
  • o      Réformes structurelles
  • o      Surveillance budgétaire
  • o      Macroclassification
L’audit a mis en évidence des dysfonctionnements pouvant être interprétés comme une mauvaise gouvernance des bibliothèques, d’où la non diffusion des résultats de l’audit auprès des bibliothécaires, qui avaient pourtant rencontré les auditeurs, répondu aux questions et rempli un formulaire assez long. En fait, rien de dysfonctionnel dans les résultats, c’est l’analyse qui en a été faite qui discrédite l’institution, car ce qui peut paraître comme un problème, n’est souvent en fait qu’une interprétation erronée des résultats, ce que tout bon bibliothécaire de terrain aurait pu très vite démontrer !

La centralisation à la parisienne, bien que paraissant une idée intéressante, accouche d’une hiérarchie pyramidale d’une lourdeur effarante. L’entité décisionnelle contrôle une plus grosse masse, et est obligée, pour ce faire, de rajouter des instances intermédiaires pour assurer le transfert d’information, qui, malgré cette couche, ne passe pas. La structure organisationnelle n’était pas parfaite, mais ces regroupements à outrance tendent encore plus vers l’imperfection. Si les bibliothèques sont disséminées sur plusieurs sites, ce qui implique des procédures différentes pour des lecteurs divers, c’est que l’Université elle-même est disparate, morcelée et a des fonctionnements très dissemblables d’une faculté à une autre ou d’un département à un autre.

Laisser croire que jusqu'à ce jour les bibliothécaires ne collaboraient pas est un mensonge éhonté, et ajouter que les budgets n’étaient pas maîtrisés est pure calomnie. Toute entité documentaire ayant un professionnel comme responsable remplissait, chaque année, des statistiques fédérales complètes, tant sur les dépenses documentaires que sur les taux d’occupation du personnel, qui étaient transmises à sa hiérarchie; celle-ci ne savait apparemment pas en déchiffrer le contenu. De plus, les dépenses à l’Université sont, il me semble, contrôlées, quel est donc ce relent nauséabond de suspicion envers le personnel ? Est-ce pour mieux détourner l’attention de problèmes de gouvernance bien plus graves ? Donc le fait de rapatrier les budgets et le personnel dans une même grande structure permettra de mieux contrôler les dépenses, sachant que le travail est toujours effectué par la base avec moins de personnel (la strate supplémentaire ajoutée pour coordonner et informer s’est construite avec le personnel existant), et que les procédures, vu la taille de la structure, sont alourdies, incohérentes et jamais anticipées. On parle de gestion des abonnements, de gestion des acquisitions, des grands mots pour cacher l’incompétence de ce qui n’est, en fait, que le contrôle des factures, et non pas la gestion d’une quelconque activité bibliothéconomique.

Et cerise sur le gâteau, la macroclassification, le dada du consultant externe qui n’est pas un professionnel de l’information, mais qui, depuis une année maintenant, a des idées de génie quant à la gestion des collections. Mais qu’est-ce qu’une macroclassification, c’est une classification regroupant tous les sujets existants (ou presque). Les plus connues sont la Dewey et la Classification décimale universelle (CDU), mais il y a aussi des classifications plus spécifiques utilisées par la majorité des bibliothèques de médecine du monde, c’est la NLM, idem pour les mathématiques avec l’AMS ou les sciences informatiques avec l’ACM. Et à quoi ça sert normalement ? La classification s’utilise pour regrouper les ouvrages par sujet sur les rayonnages, elle s’exprime souvent par des chiffres, des lettres, et parfois même des couleurs représentant le sujet. Maintenant que le décor est planté, voici la manière dont nos instances décisionnelles utilisent cette macroclassification arrangée (donc « maison »), pour imputer le budget à des sujets, et ainsi savoir ce que l’on dépense dans tel ou tel domaine. L'universalité de l’institution clamée à chaque intervention médiatique ne serait donc que de la poudre aux yeux. Car, nous le savons, le seul but d’obtenir ces informations, qui étaient pourtant souvent déjà disponibles via les statistiques fédérales, est de favoriser un domaine d’enseignement, et il va sans dire les pôles d’excellence au détriment des domaines moins porteurs.

Nous voilà embarqués sur le Titanic en sachant déjà qu'un iceberg se profile dans notre ligne d'horizon... et qu'on nous demande de ramer (si, si !) plus efficacement pour l'éviter ! Le surréalisme de la situation pourrait sembler cocasse, n'était la destruction de savoirs, de compétences, de services, d'une profession qui n'a pas l'habitude de faire des vagues... mais qui ne veut pas couler !

Très inspiré de l’Agefi du 17 février 2011 « Les paradoxes du Semestre européen / Henri SCHWAMM »
Et de la TG du mercredi 23 février 2011 « Les nouveaux motifs de la colère des policiers / Catherine FOCAS

mardi 1 mars 2011

Vision par disciplines et macro-classification


Le groupe de travail de la BSES avait mis en garde en avril 2010 :
« L’interdisciplinarité, voire la transdisciplinarité, voire l’holisme, sont les bases fondamentales de la recherche, de la production de connaissance […] La vision par disciplines, quoique ordonnée et fonctionnelle, présente un danger pour notre réputation internationale et compromet notre insertion dans les réseaux internationaux.»

Lors des présentations du projet en mai 2010, Mme Hadengue et Mme de Ribaupierre ont vanté les mérites de la future macro-classification basée sur la Classification Décimale Universelle (CDU). La macro-classification permettrait de piloter finement les collections, de déterminer les « profondeurs » d’acquisitions en cohérence avec les pôles d’excellence et les disciplines enseignées.  Pour déployer ce dispositif des postes de répondants par discipline (bibliothécaires dits « spécialistes de discipline ») sont en train d’être créés.


Début 2011, la macro-classification nous est « révélée », la baudruche se dégonfle : il s’agit d’une CDU dénaturée et alibi, masquant mal le fait qu'elle camoufle grosso modo les structures de l'Unige. Par exemple les six « disciplines » retenues en psychologie recoupent parfaitement les six groupes de recherche de la section de psychologie. Idem pour la médecine. Le bricolage incohérent et inconsistant des disciplines saute aux yeux : on y trouve de gros fourre-tout comme les « sciences sociales » considérées comme UNE discipline alors que les « sciences de l’éducation » sont détaillées en SIX disciplines. Les exemples pourraient être multipliés. Dans cette macro-classification la vision par discipline n’est ni ordonnée ni fonctionnelle, elle redouble inutilement et imparfaitement les structures.
Et ce ne sont pas des ajustements de « granularité » (terme vraisemblablement sorti du chapeau du consultant) de cette macro-classification qui pourront corriger un défaut de conception, la majorité des disciplines étant désormais décloisonnées.


En préambule de la conférence de Mme Rey, M. Vassali  avait évoqué le projet de restructuration des bibliothèque et insisté sur le fait qu’il ne fallait pas réinventer la roue et s’inspirer de ce qui a été fait ailleurs. Existe-t-il une autre université qui ait fait le choix d’une macro-classification pour piloter les collections de ses bibliothèques ?
Notons encore que l’audit a mis en évidence le problème des multiples systèmes de classification des ouvrages et recommande (moyennant une évaluation du coût) une reclassification commune. Etant grossière cette macro-classification ne pourra bien évidemment pas se substituer aux classifications existantes, utilisée en préfixe des classifications existantes elle provoquerait une illisibilité complète : on voit mal comment pourra être gérée « la politique de présentation physique des documents dans l’esprit d’une convergence universitaire cadrée par la macro-classification » (Référentiel, fiche 20, mission 2).

Cette  macro-classification ne permettra donc en aucun cas d’atteindre les ambitieux objectifs annoncés par Mmes Hadengue et de Ribaupierre. Au mieux, mais lourdement, elle permettra une gestion comptable des acquisitions.