lundi 28 février 2011

Et pourtant elles tournent...

Je souhaite rendre ici un hommage, que j’espère aussi vibrant que peuvent encore l’être les cœurs de nos bibliothèques, à tous mes collègues.

Je pourrais parler des dysfonctionnements, mais il y en a tant que je ne sais par où commencer. Aujourd’hui, il me semble important de dire que nos bibliothèques « tournent », qu’elles fonctionnent au mieux, eu égard non pas à une nouvelle organisation, mais bel et bien au professionnalisme de leur personnel.

Etudiants, académiques qui ne vous sentez pas concernés par le débat autour des bibliothèques ; c’est votre bon droit. Mais avez-vous seulement pris le temps de penser que si rien ne semble avoir changé dans la bibliothèque de votre « site », c’est que les bibliothécaires s’assurent contre vents et marées que vous ne ressentiez aucunement la tempête qui se déchaine au cœur de ce que l’on appelle désormais le « back-office » ?

Je ne vous jette pas la pierre, mais je souhaite saluer la détermination des bibliothécaires à servir leur public, coûte que coûte (on pourrait d’ailleurs aisément dénombrer nos pertes durant l’année écoulée...).

Hommage avant tout à nos délégués qui ont chaque jour le courage d’exprimer ce que beaucoup pensent tout bas. Sympathie ensuite aux collègues d’Unimail dont les postes ont été mis sans vergogne au concours, allumant ainsi un feu de compétitivité entre eux et à qui l’on demande aujourd’hui de la solidarité pour assurer les services. Courage à nos collègues de médecine qui sont les prochaines victimes désignées du processus. Soutien aux collègues des sciences toujours orphelins de responsable. Force soit donnée à nos collègues des lettres dont les collections autant que les postes s’éparpillent. Appui enfin à nos collègues de la coordination RERO dont l’avenir est si incertain.

Notre métier est un métier de service. L’audit n’en a tenu aucunement compte. C’est pourtant grâce à cela que chacun peut encore compter sur « sa » bibliothèque.

jeudi 24 février 2011

Chez nos voisins

Pour rebondir sur la question du soi-disant manque de places de travail dans les bibliothèques, voici le résumé d'un article sur le sujet paru dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Voici le lien vers l'article original.


Les bibliothèques universitaires en Allemagne

Comment notre voisin gère les problèmes de manque de place, de bruit et d‘incivilités dans ses bibliothèques universitaires

Comme au bord de la piscine
Ils arrivent tôt le matin, posent leurs affaires, leurs livres, partent…. et reviennent parfois des heures après avoir réservé leur place comme la chaise-longue à la plage. Avant les examens, les livres de références disparaissent au grand dam de ceux qui n’étaient pas là en premier. Ce comportement n’étant heureusement pas la règle; l’étudiant a besoin de la bibliothèque, il y travaille mieux que chez lui.
Les bibliothèques - depuis longtemps devenues des prestataires de services modernes et adaptées aux besoins - doivent gérer les manques de place constants, les endroits bruyants et silencieux, les lieux de détente et d’étude.

Le disque bleu du parking
Les responsables des bibliothèques ont eu l’idée de distribuer des disques bleus…. absent pour un maximum d’une demi-heure. Passé ce laps de temps, un étudiant cherchant une place de travail peut en principe enlever les affaires « orphelines ». Le système du disque est en vérité plus souple, il permet aussi à l’étudiant en pause de découvrir que sa pause était bien plus longue que prévue…

Zone réservé
La zone réservée est effectivement réservée aux étudiants de la faculté en question. Les usagers externes doivent se trouver un autre endroit pour travailler. Les bibliothèques n’appliquent pas volontiers cette restriction, mais les manques constants de place les y obligent.

Feu vert – carte rouge
Feu vert : bruit ambiant agréable, feu rouge : trop de bruit. Et ça siffle tant que le bruit ne baisse pas. En effet, l’entente entre les étudiants qui travaillent en groupe et ceux qui étudient seuls n’est pas toujours si simple. Un surveillant peut aussi être chargé d’apporter une carte rouge « silence s.v.p. » à une table trop bruyante.
Il serait préférable que les étudiants règlent le problème du bruit entre eux.

Espace SPA
Les coins de détente avec de la lecture autre que scientifique, des canapés, lumière tamisée sont déjà mis à disposition. On étudie mieux en étant détendu. Il faut pourtant veiller à ce que la bibliothèque ne devienne pas synonyme d’habitation. L’huile de massage, le loyer et la chambre ne sont pas prévus.

Quant à nos voisins français, ils restructurent également leurs bibliothèques universitaires. Ce projet ressemble étonnamment à celui de l'Université de Genève: lien 1 et lien 2.

lundi 21 février 2011

La médiathèque est-elle soluble dans la restructuration?


Avant-propos :
Ce texte s'adresse particulièrement, à tous les usagers de la médiathèque d'Uni-mail. Si ce service existe, c'est pour eux. Si nous le défendons, c'est pour eux. Alors si vous tenez à ce service, mobilisez-vous pendant qu'il est encore temps!
Tous les usagers de la médiathèque d'Uni-Mail, qu'ils soient professeurs, assistants, étudiants, collaborateurs ou autres connaissent bien ce couloir de 84 m2 au deuxième étage de la bibliothèque d'Uni-Mail, dans lequel en janvier 2000, s'est installée la collection de documents audiovisuels sur les sciences humaines et sociales, qui comprenait au départ quelques 400 vidéocassettes et des cassettes sonores.
Il avait été décidé alors, sous d'autres rectorats, que la médiathèque d'origine, celle des Bastions, y resterait et s'occuperait dorénavant des documents concernant la Faculté des Lettres, de Théologie et de l'ELCF.
Aujourd'hui, la médiathèque d'Uni-Mail gère, acquiert, catalogue, conserve, met à disposition tous les documents audiovisuels de la bibliothèque d'Uni-Mail (toutes Facultés confondues) (dont 1300 VHS, 2200 DVD +1120 DVDTV, env. 90 CD-ROM.), avec une augmentation d'env. 400 à 500 documents par année, tous catalogués dans RERO.
Elle offre aussi :
- un service de repiquage d'émissions de télévision,
- un service de copie de VHS sur DVD,
- un service de renseignement et d'aide à la recherche sur les documents audiovisuels,
- un blog des nouvelles acquisitions : http://nouveautesmedia.blogspot.com/,
- la gestion d'une petite salle de projection,
- la mise à disposition d'appareils divers (magnétophones, magnétoscopes VHS, lecteurs de DVD)
-des PC multimédias, équipés de casques.
- le prêt d'écouteurs
- des expositions thématiques dans la bibliothèque.
La collection de films documentaires (2/3) et de films de fiction (1/3) de qualité est très utilisée puisque l'année passée, il y a eu env. 14'000 prêts.
Il est vrai qu'administrativement, c'était un peu compliqué à gérer, car la médiathèque travaillait en fait pour toutes les facultés. C'est pourquoi pour simplifier les choses au niveau administratif, la médiathèque (et son personnel) avait été rattachée au Service de Coordination des Bibliothèques.
Mais nous avons toujours revendiqué, en tant que médiathèque d'Uni-Mail,  faire partie des bibliothèques, et être un service de documentation audiovisuelle interfacultaire. C’est pourquoi on pouvait penser qu’un regroupement administratif des bibliothèques simplifierait l’intégration de ce service dans l’organisation des bibliothèques.

On n’imaginait pas qu’en fait d’intégration, on nous proposerait une désintégration !
Mais voilà, entre-temps l'audit est passé par là ou plutôt non, il n'est pas passé par la médiathèque, dont le personnel n'a jamais été "auditionné". L'audit a posé la question (point 4.4.2) : "Faut-il conserver trois guichets de prêt à Uni-Mail ?" et il ajoute "une plus grande concentration autour des guichets de prêts communs et une utilisation renforcée des bornes de prêt sont les premières actions à envisager."

Donc, suivant aveuglément cette recommandation, et sans prendre en compte les spécificités des documents audiovisuels, notre direction veut :
- supprimer le guichet de la médiathèque.
- "ventiler" tous les DVD documentaires dans les disciplines sur les rayons avec les livres.
- supprimer les films de fictions ("on n'en commandera plus, sauf si un professeur le demande expressément").
De plus les dvd ne seraient même pas équipés d'une boîte hermétique, qu'on ne pourrait ouvrir qu'en passant au guichet, mais avec un anti-vol placé directement sur la galette. Le but, étant, comme "l'a dit l'audit" : de ne plus passer par le guichet.

- Les risques de perte, de vol, de détérioration ne sont pas pris du tout en compte.
- Les besoins des usagers ne sont pas pris en compte :
1) En sciences humaines, les disciplines sont étroitement imbriquées et tous les professeurs interrogés trouvent plus simple d'avoir tous les films documentaires ou de fiction, au même endroit.
2) Dans l'enseignement la fiction est aussi largement utilisée, pourquoi vouloir la supprimer ?
- Le traitement spécifique de ces documents n'est pas pris en compte
-Les commandes ne pourront être faites que sur ordre des professeurs.
- Les commandes seront traitées par chaque bibliothécaire-spécialiste d'une discipline.
- Est-ce que les spécialistes de chaque discipline auront le temps ou l'envie ou la possibilité de faire de la veille pour ce genre de document ?
- Comment seront traitées les demandes de repiquages d'émissions de télévision ?
- Qui va cataloguer ces documents ?

- Et accessoirement : que va faire le personnel de la médiathèque ?

A part une consigne nous demandant d'évaluer ce que coûterait l'opération de reclassifier les documentaires selon les classifications employées dans les bibliothèques  et de les rééquiper puis de les munir d'un anti-vol, rien ne nous a été dit sur la façon dont  les documents audiovisuels seraient traités par la suite.
Et au vu du peu de considération dont notre direction fait preuve concernant ces documents, on peut prévoir à terme une disparition pure et simple.
On nous rétorquera que l'avenir est à la numérisation et aux documents en réseau, certes, mais ce sont des projets, et nous savons que la réalisation et la maintenance de ce genre de projet exige que l'on y mette les moyens en personnel et en matériel pour que ce soit efficace.
Donc, en attendant que l'on puisse offrir d'autres services à nos usagers, pourquoi ne pas au moins conserver ceux qu'on leur offre déjà ?

DoM

vendredi 18 février 2011

La créativité : une compétence-clé?


Ainsi que l’a souligné un bibliothécaire dans les commentaires, la créativité, bien que présente dans les notions expliquées dans le glossaire du référentiel, n’est pas une compétence demandée. Nous sommes désormais forcés d’obéir et de nous conformer à des consignes qui nous paraissent parfois farfelues, d’autres fois inutiles, souvent inadéquates. En effet, comment pouvons-nous nous motiver à exécuter certaines tâches, quand leur finalité même est tenue secrète ou, lorsqu’elle est dévoilée, contraire à notre vision ?

Une contribution intéressante quant aux déplacements des collections nous est parvenue par e-mail, nous la reproduisons ici. Elle illustre bien la méthode employée pour la mise en œuvre de ce projet et l’absence de réflexion en concertation avec les bibliothécaires de terrain. Cette règle des 1/3 est-elle issue directement de l’audit ? N’hésitez pas réagir et à échanger sur cette thématique, ce blog a été CREE pour cela !

Nous savons qu'une des tâches qui nous attend est le déplacement des collections, ceci pour libérer de la place pour des places de travail pour les lecteurs. L'idée avancée par nos autorités est un tiers un tiers un tiers : un tiers en libre accès, un tiers dans un compactus de proximité, et un tiers au Dépôt des bibliothèques au Seujet (dans lequel il reste relativement peu d'espace libre).
Un des avantages de la mise à disposition des collections dans le libre accès est la possibilité de tout un chacun de pouvoir accéder facilement au contenu des ouvrages ou revues en format papier. Pour l'électronique c'est une autre histoire, et nous sommes loin de pouvoir remplacer l'un par l'autre... Rien de tel dans ce cas que de pouvoir feuilleter les documents, comme chacun sait. La formule des trois tiers risque donc de fortement diminuer les chances d'accès au "bon" document, c'est à dire celui qui convient le mieux au lecteur (je pense surtout aux étudiants). Avez-vous déjà tâtonné dans un catalogue, sélectionné et attendu un ouvrage dans une bibliothèque où ils ne sont pas accessibles directement par le lecteur, pour vous rendre compte au bout d'une demi-heure d'attente que celui-ci ne correspondait pas à votre attente ? Quel recul pour notre service au public !
Pour ce qui est de l'espace qui manque et d'après l'expérience à Uni Mail : ce qui est curieux, c'est que passé la période d'examens - période pendant laquelle effectivement TOUTES les places de la bibliothèque sont occupées, l'espace à disposition des lecteurs (étudiants toujours) semblent suffisantes. Pourquoi dans ce cas déplacer nos collections de façon aussi massive si cette demande accrue de place est  limitée dans le temps ? Déplacer des collections papier au risque de ne plus pouvoir les mettre à disposition dans nos libre accès représente bien une perte pour nos usagers. Pour ce qui est de l'électronique, certaines disciplines sont bien moins servies que d'autres, nous le savons. J'ose espérer que nous ne devrons pas appliquer l'"équation" des trois tiers de façons linéaires dans toutes les bibliothèques / disciplines !
La possibilité d'utiliser ou d'optimiser d'autres espaces pour le travail a-t-elle été envisagée ? A Uni Mail les coursives sur tous les étages sont (sous)dotées de tables et de chaises, sans doute mal éclairées le soir et surtout pas chauffées en hiver. Mais ne pourrait-on pas les exploiter un peut plus efficacement ? Cette réflexion a-t-elle été menée par notre hiérarchie ?

vendredi 11 février 2011

Pourquoi ce blog?

Depuis la présentation du projet de "Réorganisation structurelle des bibliothèques", les bibliothécaires ont fait part de leur scepticisme concernant de nombreux aspects liés au projet. Toutes les questions, toutes les demandes de précisions sont restées sans réponse et toutes les remarques énoncées ont été considérées par le rectorat et la Division de l'information scientifique (DIS) comme une volonté de s'opposer à la restructuration.

Aujourd'hui, le projet est entré dans sa phase de mise en œuvre. Les budgets ont été centralisés, les ressources humaines également. Et les premiers dysfonctionnements liés aux éléments pragmatiques dans l'organisation du quotidien se font déjà ressentir par les professionnels.

Sur ce blog, nous souhaitons répertorier de manière exhaustive tous les problèmes soulevés par la mise en œuvre du projet, ceci dans le but de faire évoluer la situation dans un sens positif. Mme de Ribaupierre et M. Veuthey nous ont demandé lors des séances de leur faire part des soucis que nous rencontrons, cet espace servira à les lister et à les synthétiser. Notre but est de défendre notre métier, notre atmosphère de travail, mais aussi de maintenir ou d'améliorer la qualité des services rendus à nos usagers.

Il s'agit pour vous, personnel des bibliothèques, de vous exprimer, d'échanger avec vos collègues et de communiquer sur une plateforme neutre. Alors, quels sont les dysfonctionnements et les aberrations que vous avez déjà pu identifier dans votre travail quotidien? Parlez-en dans les commentaires de ce message ou en écrivant à bibliothecairesge@gmail.com.

 Chaque semaine, nous rédigerons un synthèse des éléments exposés.